Mort suspecte d’Alassane Sangare : plus d'un mois après, sa famille réclame toujours le rapport d'autopsie

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Justice

Plus d’un mois après le décès brutal et tragique d’Alassane Sangare, l’enquête n’a progressé d’un iota. Au point de se demander si tout est ralenti au bénéfice du vice.
Rappelons les faits. Le jeudi 24 novembre 2022, Alassane Sangare décédait dans sa cellule du Bâtiment D5, cinq jours après son incarcération à la Maison d’Arrêt de Fleury-Merogis. Si la prison s’est empressée de clamer au suicide, comme habituellement, cette thèse est catégoriquement réfutée par la famille et les proches d’Alassane.

Comme nous vous l’avions relayé dans notre article du 26 novembre, Alassane était un père de 3 enfants, marié et résidant à Crosnes dans l’Essonne. Il s’était retrouvé derrière les barreaux à cause d’un malheureux conflit de voisinage, et selon les témoignages, il n’en serait même pas responsable. Mais une fois les pieds au commissariat, son sort était déjà scellé. Au bout d’un seul jour de garde à vue, il est écroué sans la moindre preuve en attendant son jugement qui devait se tenir en début d’année. Mais Alassane connaissait la prison, il y avait déjà fait quelques mois auparavant. Et à son arrivée il avait demandé au SPIP de joindre son épouse pour lui ramener des vêtements chauds pour l’hiver qui arrivait.

Plus d’un mois après, et tout est encore flou autour de cette affaire. Après avoir été reçue une première fois le 26 novembre au cours d’un entretien sous des airs de camouflage, la famille est revenue cette fois-ci accompagnée de son avocat, Me Rahmouni.
Le 28 novembre, elle a de nouveau été reçue par le Directeur Adjoint, Renaud Lassince accompagné du directeur et du gradé du Bâtiment D5 ainsi qu’un psychologue et un psychiatre. Une procédure qui serait illégale comme le dénonce l’émission de radio l’Envolée - dénonçant les malversations pénitentiaires - qui a partagé le 21 décembre dernier l’histoire d’Alassane. A ce rendez-vous, Me Rahmouni a dû batailler pour que sa présence soit autorisée. Et bien évidemment, le rendez-vous n’apporta aucune réponse ni rien de concluant.

Plus d’un mois après et le corps d’Alassane est toujours au sein de l’Institut médico légal. Malgré les relances incessantes de l’avocat de la famille auprès du Procureur d’Evry, le rapport de l’autopsie effectuée le 29 novembre, qui conclurait sur une mort par asphyxie n’est toujours pas transmis à l’avocat ni à la famille mais uniquement au parquet d’Evry. Tout en sachant qu’après avoir vu le corps d’Alassane, le 30 novembre, ses proches étaient formels, il n’y avait aucune trace autour de son cou traduisant une mort par pendaison, comme l’affirme la prison.

Dans l’émission de l’Envolée, plusieurs détails incohérents ont été relevés, par l’une des chroniqueuses, elle-même ancienne prisonnière.
D’une part, les gendarmes auraient indiqué qu’Alassane se serait servi d’un fil téléphonique de 50 à 60cm, comme l’a également relayé le journal Politis, or les-dits fils téléphoniques des téléphones installés dans les cellules de prison sont en fer donc impossible à tordre. Poursuivons. Les mêmes gendarmes ont dit avoir trouvé une béquille dans la cellule d’Alassane. Or ce dernier n’en avait aucunement besoin et qui plus est, la chroniqueuse l’affirme, il est impossible que la prison le lui en ait fourni bannissant ce type d’objet pouvant être utilisé comme une arme.
Si la prison s’obstine dans sa version du suicide, l'Envolée précise que plusieurs témoignages de détenus au sein de l’aile du bâtiment D5 font état de coups et d’un passage à tabac orchestré par des surveillants à l’encontre d’Alassane. Enfin, il est bon de rappeler qu’une mort par asphyxie ne relève pas forcément d’un suicide, mais peut survenir par exemple lorsque la victime se retrouve écrasée par le poids de son ou ses agresseurs.

La thèse de l’Envolée est simple, l’administration pénitentiaire et judiciaire cherche à gagner du temps pour faire craquer la famille et les proches afin qu’ils décident de l’enterrer rapidement et de ne pas demander une contre-autopsie. Ce qui est malheureusement très courant.
«  […] ils jouent sur le temps pour que l’on craque. Mais nous avons décidé de ne pas lâcher. Nous allons attendre le temps qu’il faudra. Ce qui est assez hallucinant c’est que même au plus haut niveau tout le monde est complice », nous disait Djeneba, l’une des soeurs d’Alassane.
C’est pour cela, que via les réseaux sociaux, la famille d’Alassane en a appelé aux internautes pour envoyer quotidiennement le même mail à l’unité médico judiciaire de Corbeil Essonne : « Bonjour, Notre avocat est toujours en attente du rapport d’autopsie d’Alassane Sangare décédé le 24 novembre 2022. Qu’en est-il ? Merci de votre retour. Cordialement. »

Un appel au soutien et à la solidarité. « Nous avons une puissance qu’ils n’ont pas, c’est notre solidarité et notre foi », assure Djeneba. De la foi, il en faut pour tenir face à l’injustice. Beaucoup se résignent face au poids de ce combat et deviennent des victimes silencieuses. En tant que croyants nous sommes appelés à aimer et soutenir, à ne pas tracer notre route devant un malheureux qui crie et qui souffre. De plus, la Bible ne cesse de nous enseigner le pouvoir de l'unité. Car si donc nous nous levons d’une seule voix pour une cause juste, croyez bien qu’il y aura des résultats.
Souvenons-nous des habitants de la tour de Babel de qui l’Eternel lui-même dit : « Voici, ce n’est qu’un seul et même peuple, ils ont un même langage, et ils commencent à travailler, et maintenant rien ne les empêchera d’exécuter ce qu’ils ont projeté » [Genèse 11 v.6]
Donc en prière et en actes, chers lecteurs, soutenons la famille Sangare pour la quête de la vérité.

La Rédaction

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