Une cheffe traditionnelle annule les mariages d’enfants et les renvoie à l’école

news-details
Noyau de vie

Theresa Kachindamoto, ce nom ne vous dit rien présentement, cependant vous risquerez certainement d’en entendre parler à l’international. Theresa Kachindamoto est une personnalité peu médiatisée, mais ses œuvres de courage et de détermination dans sa communauté l’a font doucement mais sûrement sortir de l’ombre.
En effet cette sexagénaire, anciennement secrétaire dans une université du Malawi durant 27 ans, est depuis quelques années la cheffe traditionnelle locale, responsable de la région de Dedda, au centre de Malawi. Elle brille, divise les opinions ou intimide de par sa prise de position en faveur de l’éducation des petites filles. Mais encore, son engagement va à contre-courant d’une pratique traditionnelle de sa société, les mariages précoces. En effet, cette cheffe traditionnelle ordonna l’annulation de plus de 850 mariages de jeunes filles, parfois à peine prépubères, afin de les inscrire à l’école.

Cette mère de famille de cinq enfants, descendante d’une lignée de chefs de village de Monkey Bay, une autre région du Malawi, est l’ainée d’une fratrie de 12 frères et sœurs. Et c’est elle qui sera choisie par les doyens de son village, approuvée par le peuple grâce à sa réputation d’être « bonne avec les gens ». Naturellement, Theresa ne s’attendait pas à endosser ce titre, car il est de coutume qu’un homme porte cette responsabilité, d’autant plus lorsqu’un pays a une affiliation patriarcale, une affliction qui régit de nombreux pays d’Afrique et dans le monde. Ce rôle de cheffe, Theresa Kachindamoto le prend à cœur. Elle est à deux doigts de le rendre légendaire en inscrivant son nom parmi les grands acteurs du changement dans notre génération, grâce à sa lutte en faveur de l’accès à l’éducation des filles.

Ecoute, mon fils, l'instruction de ton père, Et ne rejette pas l'enseignement de ta mère. [Proverbes 1 v.8 Bible].

Est-ce possible à un aveugle de conduire un autre aveugle sans que tous deux ne tombent dans un gouffre ? Est-ce possible à un enfant d’élever un autre enfant ? Un être sans expérience de la vie, sans un véritable enseignement, et sans une éducation suffisamment solide pour entrer à la dizaine d’âge dans une vie maritale. Comment élever un enfant sans avoir reçu l’enseignement qu’une mère est censée apporter à son enfant ? Depuis des générations, il est de coutume pour les familles de favoriser l’enseignement et l’instruction des garçons. Ce futur chef de famille est considéré tout jeune comme un acteur en devenir de la vie sociale, et économique. Par contre l’avenir de la fille est encastré à l’entretien d'un foyer et l’éducation des enfants.

De nombreuses civilisations anciennes n’accordaient aucun rôle social, économique et parfois religieux à la fille et future femme. De nos jours, les contraintes des civilisations passées ne sont plus de mise. L’intelligence des Hommes s’est suffisamment accrue, permettant ainsi à la science de remettre en doute les anciennes croyances concernant les capacités et les aptitudes des femmes à influencer efficacement leur environnement, au même titre qu’un homme. À ce jour, les ONG se lèvent, mettent en lumière les tragiques constats qui découlent du refus d’instruire les filles, telle qu’une société en déséquilibre par exemple. Ainsi que les dramatiques inconvénients qui persistent et s’aggravent. Sans oublier le principal, les vies d’enfants boycottées pour des gains d’argent, ou alors, envoyés à travailler dans des conditions parfois mortelles, privés d’exister et d’espérer en un avenir meilleur et plein de rêves.

La scolarisation des filles, une problématique mondiale

En 2014, une étude révélait que 64 millions de jeunes filles étaient interdites d’école. À ce jour, ce nombre aurait baissé à 62 millions selon l’Unicef. Pour cause, les nombreuses ONG soutenues par des personnalités publiques militent pour que soit considéré comme prioritaire le droit à l’éducation pour les filles, dans le monde. « La scolarisation des filles est souvent considérée comme non prioritaire. Pourtant, sur le terrain, notre expérience le confirme : 9 années d’éducation gratuite et de qualité permettent à une fille de changer son avenir, celui de sa famille et celui de son pays. L’éducation des filles doit devenir un objectif de développement prioritaire », informe Plan International. « Il n'existe aucun instrument de développement plus efficace que l'éducation des filles. Si nous voulons que nos efforts aboutissent à la construction d'un monde en meilleure santé, plus pacifique et équitable, les classes du monde doivent être remplies de filles aussi bien que de garçons. », déclara Koffi Annan.

news-details

À ce jour, de nombreux pays décident d’inclure le dynamisme féminin dans la vie économique et sociale de leur pays, pour leur plus grand bien. Car nous sommes dans un monde où la course vers le progrès est une compétition internationale, où toutes les intelligences hommes ou femmes sont exploitées à l’excès. Il va sans dire que demeurer dans des traditions qui vont à contre-courant de la course des nations ne peut être que pénalisant. Songeons donc à l’impact qu’apportent ces mariages précoces sur la société de Malawi entre autres. Le refus d’éduquer les filles est-il en faveur de ce pays, qui par ailleurs est un des plus pauvres pays d’Afrique ? De ce fait, le Malawi ne se prive-t-il pas de richesses humaines et d’intelligences pour permettre au pays de peser sur un plan international, ou du moins, de redorer son blason ?

Mariage précoce, une pratique volant l’enfance des enfants au Malawi

La problématique des mariages de jeunes filles est un réel fléau au Malawi. Ce pays se distingue tristement pour son taux de mariage d’enfants le plus élevé dans le monde. Soit plus de 50% des petites filles sont mariées avant l’âge de 18 ans. D’après le site « Nous les Femmes »; « Au Malawi, moins de 45% des filles dépassent la dernière année de primaire. Ce manque d’éducation fait automatiquement d’elles des femmes vulnérables aux violences de genre, aux abus sexuels et aux violences domestiques, par exemple. Cela les place dans une situation de dépendance vis-à-vis des hommes qui restreint considérablement leur liberté et leurs droits. »
Pourtant, en 2015, le Malawi fit interdire les mariages d’enfants. Malheureusement cette tradition à la peau dure, elle est ancrée dans cette société africaine et se heurte aux mentalités traditionnelles des parents d’un premier abord, et des chefs coutumiers qui continuent à célébrer les mariages précoces malgré l’interdiction.

Theresa Kachindamoto a donc tenté en 2015 de faire abolir le droit coutumier, qui permet aux parents avec l’accord des chefs de village, de valider les mariages avec un mineur. Elle soumit à ses 50 adjoints un accord à signer qui stipule l’interdiction des mariages d’enfants et l’annulation des mariages célébrés. Puis, fit suspendre 4 de ses sujets qui s’étaient opposés à l’accord, jusqu’à ce qu’ils décidèrent de se ranger à sa cause.
Malheureusement, Theresa se bat pour faire tomber des murailles solidement érigées. En effet, en décidant de faire annuler les mariages d’enfants et de les interdire, elle met à mal l’économie des foyers de sa région qui comptent sur les biens en nature de la dot par exemple, que le futur mari apporte à la famille de la fille enfant, afin d’officialiser le mariage coutumier. Ou alors, elle empêche les familles de se décharger financièrement de leur fille en les mettant entre les mains d’un époux qui la prendra à sa charge.

« Que vous le vouliez ou non, je vais mettre fin à ces mariages ».

Pour y arriver, Theresa s’entoure de célébrités nationales, les invite à témoigner leurs expériences auprès des jeunes filles pour les ouvrir au monde, les sensibiliser et les encourager. Elle ferait également appel à des sponsors pour financer la scolarité des enfants, ou encore, paye de sa propre poche lorsqu’une famille ne peut plus assurer les frais de scolarité. Elle veille donc à ce que les filles mais aussi les garçons privés de scolarité, aillent à l’école. Cependant, c’est à ses risques et périls que Theresa Kachindamoto change la face de son pays. Elle s’attire des menaces de mort de détracteurs mécontents du changement en profondeur qu’elle installe. Mais ces menaces ne semblent guère l’effrayer selon ses dires, annuler les mariages de petites filles et les envoyer à l’école est sa principale priorité. « Que vous le vouliez ou non, je vais mettre fin à ces mariages ». En effet, sa position de cheffe traditionnelle d’une région lui a permis de voir la réalité sociale des enfants dans son pays. Une réalité sous forme de choc lorsqu’elle rencontra une petite fillette de 12 ans, mère, piégée dans une vie d’adulte qui ne devrait pas être la sienne.

Pour conclure, retournons aux origines du monde. L’évangile enseigne que Dieu est l’instaurateur des foyers, des familles et de la société. Cependant, sans la sagesse de Dieu, l’Homme s’est perdu dans des convictions qui servent à ses intérêts égoïstes, et son besoin de dominer sur autrui. Rappelons-nous qu’au commencement des écritures saintes, Dieu ordonna à l’homme et à la femme de prendre possession de l’environnement qu’il leur confia. De fructifier les richesses de la terre et de dominer sur la création. Ainsi donc, à en croire les écritures saintes, la problématique des mariages précoces et tous les dégâts qui en découlent ne peuvent être la volonté de Dieu pour ses enfants. Car Dieu ne désire que le bonheur de sa création, qu’elle n’entre dans l’amertume, ou vive dans la souffrance. Veiller sur le bien-être de son prochain, plus encore lorsqu’il s’agit d’un enfant, est une recommandation divine. En effet, l’enfant est un héritage de l’Eternel, une récompense de Dieu pour les Hommes, non une âme à lier dans la servitude.

Aimez notre page Facebook
author

Wissa KOLOLO

Artistes Press

Journaliste, 🎶 Chantre, Auteur, Maquilleuse, Styliste/Modéliste & Couturière, Conseillère en Image👗📸 ~ Entrepreneuse

Partagés récemment

Ajouter un commentaire