Haïti : le programme de reconstruction pour reloger les sinistrés, sacrifié pour des intérêts véreux

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Société

L’individualisme et le capitalisme conduisent davantage notre société dans le désamour et l’appât du gain, à tel point qu’il est triste de réaliser combien l’intérêt commun peut être négligé pour seulement quelques milliers de dollars. « S'il y a beaucoup de choses, il y a beaucoup de vanités : quel avantage en revient-il à l’homme ? » [Ecclésiaste 6 v. 11]. L’amour de l’argent a fait perdre de vue chez certains le plus essentiel et vital, soit la nécessité pour l’Homme de s’attacher à ce qui est durable, ce qui contribuerait à sauver son âme des ténèbres, car quand bien même il posséderait tout l’or du monde et aurait atteint le plus haut sommet, le plus important reste l’état de son âme, et au temps convenu où toute chose disparaîtra, pourrait-il être rassuré que son âme échappera à la souffrance infernale, issue de l’iniquité de nos aïeux qui pèse sur nous ? Si comme l’énonce ce proverbe qui dit que l’argent ne fait pas le bonheur, même si d’une part il y contribue lorsqu’il nous permet de vivre aisément, nous savons du reste le pouvoir qu’il octroie à certains qui se sont laissés emportés par son emprise.

En Haïti, les fonds prévus pour aider au relogement de la population furent détournés à des fins plus que douteuses, des millions de dollars évaporés dans la nature qui auraient servi à d’autres prestations que l’aide initiale aux 1,5 millions de personnes ayant perdu leurs logements suite au sinistre. La cour des comptes qui aurait mené son enquête révèle en effet que ces financements ont été utilisés pour des hôtels, bâtiments ministériels et des travaux qui sembleraient actuellement inachevés. Le précédent séisme avait ravagé le pays, l’un des plus destructeurs qui avait causé des dégâts matériels importants ensevelissant plus de 200 000 personnes.
S’il a fallu un certain temps au pays pour se remettre, aujourd’hui les séquelles sont encore bien visibles. Ebranlé face au coût important des dégradations subies, Haïti avait pu bénéficier d’un fort soutien des organisations internationales, d’autres états qui se sont alliés donnant lieu à un programme « petrocaribe » lancé par l’ancien président vénézuélien Hugo Chavez, qui regroupait plusieurs pays latins et des caraïbes dans le but « d'acquérir des produits pétroliers à un prix avantageux et de dégager des ressources pour des projets de développement.» En plus des cinq contrats que l’Etat aurait signé pour rénover les quartiers les plus défavorisés de Fort National.

La communauté internationale avait débloqué 5,6 milliards d’aide d’urgence et 2,4 autres milliards pour la reconstruction, qui auraient finalement servi à d’autres intérêts laissant en suspens les bâtisses qui devaient être reconstruites pour reloger le reste de la population sinistrée. D’après les révélations de l’enquête de la cour des comptes, « le vaste projet immobilier pour les sinistrés du tremblement de terre, qui comptait plus d'une quarantaine de nouveaux bâtiments alliant appartements et commerces, n'a donc pas vu le jour ». Dénonçant le fameux fond de développement petrocaribe soutenu par le Venezuela, qui tend à être en fait une « une litanie d'exemples de gestion calamiteuse et de corruption. », ainsi que les cinq autres contrats signés qui représentent un coût total de 314 millions de dollars. La cour des comptes dénonce « une absence totale de libre concurrence, de transparence et de respect de l’éthique ». Les fonds versés selon les contrats auraient donc été utilisés pour un futur bâtiment, des travaux ou encore un parc industriel qui est à ce jour inachevé, soit 18 milliards soutirés de Petrocaribe. Ces fonds tant critiqués et perçus par la cour des compte comme une source de gaspillage et de corruption, auraient débouché sur deux enquêtes sénatoriales entre 2016 et 2017.

Scandale sur scandale, quand bien même la cour des comptes aurait lancé son audit, « les programmes destinés aux sinistrés du séisme sont par exemple abandonnés. Après signature d'avenants aux contrats de 2010, les fonds ont été redirigés vers des constructions de ministères, des infrastructures touristiques dans la ville côtière de Jacmel ou encore pour la réhabilitation annoncée de cinémas abandonnés. » Les derniers rapports de l’enquête révèlent une succession de lois violées sur la passation des marchés et de règles fiscales, une « quantité d’irrégularité qui sont autant de suspicions de détournements de fonds et de corruption. » Chantiers inachevés, travaux non réalisés mais mentionnés comme réalisés, mauvaise gestion ou frauduleuse des fonds publics, le lundi 3 juin dernier, les juges de la cour des compte se sont engagés vers une action en justice. À l’heure présente, pour ces dérives, les anciens ministres « Jean-Max Bellerive et Laurent Lamothe, sont désignés comme responsables, aux côtés de quatre autres ministres et deux secrétaires d’État ».

Qu’advient-il de la population qui patiente depuis des années ? Si ces faits ont suscité un mouvement citoyen « petrocaribe challenge » l’été dernier, la révolte se fait plus que ressentir. En espérant que le plan qui avait été pensé pour les sinistrés du pays soit mis à exécution. Rappelons-nous encore que « Si quelqu'un n'a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi, et il est pire qu'un infidèle. » [1 Timothée 5 v.8]. Car au regard de ces faits on y voit une négligence flagrante, le bien-être de la population sacrifié pour des intérêts plus que véreux.
Il est malheureux de voir encore dans certains pays, combien est négligé l’engagement de certains dirigeants à veiller au bon fonctionnement de la nation et à l’équilibre de sa structure. Cachant ce qui est fait dans le secret, détournements de fonds, principalement évoqués au détriment de la population qui souffre notamment dans les pays les moins développés. C’est dans cette triste réalité que ces nations s’engouffrent dans une forme de précarité. Puisse Dieu les soutenir et disposer les finances nécessaires aux travaux de reconstruction.

Ce monde et celui qui le dirige ont fait perdre certains dans l’amour de l’argent au point d’en perdre toute raison, mais sachons et gardons en mémoire qu’en celui qui détient toutes les richesses, en Dieu, nous sommes bénis. Et quoique nous manquions, en lui remettant notre sort et le reconnaissant comme notre bienfaiteur, il pourvoira à nos besoins si nous lui adressons nos requêtes, plus encore en tournant vers lui nos regards, il nous assure une paix indicible pour nos âmes, au-delà même de ce que pourrait procurer l’argent. Notre bonheur ne se trouvant plus dans ces choses qui périront un jour mais vers celui qui accorde la vie éternelle.

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Perla Kouam WAFFO

Artistes Press

Assistante de rédaction chez 🗞📰 Artistes Press - Entrepreneuse

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