La Reine de la Soul rencontre le Roi des rois, posta Brandon Heath, chanteur et musicien chrétien américain sur son compte Instagram. Comme lui, des dizaines de milliers de mélomanes comme acteurs de l’industrie musicale ont été profondément touchés à l’annonce de la disparition de celle dont la voix régna sur les ondes du Gospel et de la Soul durant des décennies. Aretha Franklin est décédée ce jeudi 16 août 2018 à l’âge de 76 ans, succombant à un cancer du pancréas contre lequel elle lutta depuis 2010.
En hommage, retour sur une carrière exemplaire.

Premiers pas dans le Gospel

Née le 25 mars 1942 à Memphis dans le Tennessee, Aretha Franklin grandit aux côtés de ses trois sœurs et deux frères dans l’église baptiste de leur père à Détroit, Clarence LaVaughn Franklin, pasteur et militant des droits civiques. Sur les traces de leur mère Barbara, les sœurs Franklin, Erma (disparue en 2002), Carolyn (disparue en 1988) et Aretha embrassent tout naturellement la voie du Gospel, s’illustrant très jeunes dans la chorale de l’église. À 14 ans, avec ses sœurs, Aretha Franklin signe son premier enregistrement.
Mais chez les Franklin, sermon et chant sont indissociables, si bien que l’importance de la musique dans le rôle de pasteur est d’autant primordiale. Son père n'hésite alors pas à inviter de grands noms du Gospel comme de la Soul, à l’instar de Sam Cook et Dinah Washington, qui apporteront leur lumière musicale à la jeune chanteuse.

Naissance et règne sur le trône de la Soul

Très vite considérée comme un diamant brut, le célèbre producteur John H. Hammond la repère et la fait signer chez Columbia Records en 1956. Elle y enregistrera près d’une dizaine d’albums dont son tout premier solo The Electrifying Aretha Franklin. Mais le succès ne sera pas vraiment au rendez-vous. Alors trois ans plus tard, elle claque la porte de sa maison de disque et rompt avec son producteur, lui préférant Jerry Wexler chez Atlantic Records ; label d’un certain Ray Charles.
Sur des morceaux rhythm and blues, la chanteuse se hisse au top des classements et conquiert le trône de la Soul. Notamment avec six albums enregistrés entre mars 1967 et janvier 1969. Ses titres I Never Loved A Man (The Way Tha I Love You), Baby I Love You, A Natural Woman ou encore sa reprise de Respect d’Otis Redding, confirment son statut d’icône et sa puissance vocale auprès d’un public tombé sous le charme de ses sonorités Gospel qu’elle affirme dans son album Amazing Grace en 1972.

Aretha Franklin s’engage la même année avec Arista Records. Et les titres à succès s’enchaineront. Ses années 80 seront marquées par de multiples collaborations artistiques des plus prestigieuses ; George Benson, Annie Lennox, Keith Richards, George Michael ou encore James Brown, Elton John et Whitney Houston, ces trois derniers avec qui elle enregistre en 1989 Through The Storm.
En 1987, pour ses 30 ans de carrière, l’icône réussira la prouesse d’être la première femme à entrer au Rock’n’Roll Hall of Fame. Avant de s’accorder une pause de dix ans.

Vers la fin d’une voix magistrale et activiste

A Rose is Still A Rose signe son grand retour sur le devant de la scène en 1998. Comme ses collaborations avec Lauryn Hill ou encore Puffy Combs. Si la reine livre peu de nouveautés, elle maintient son règne sur la soul américaine par ses diverses apparitions plus marquantes les unes que les autres. Notamment en 2006 lorsqu’elle a l’honneur d’interpréter l’hymne nationale américaine lors de la finale du Super Bowl, sur des airs de Gospel, entourée d’une chorale de 150 personnes, ou encore le 20 janvier 2009, lorsqu’elle chanta à la cérémonie d’investiture du président Barack Obama, le titre My Country ‘Tis of Thee. Loin d’être une première pour cette grande dame qui interpréta en 1977 God Bless America à l’investiture de Jimmy Carter et I dreamed a dream à celle de Bill Clinton en 1993.
Symbole politique, George W. Bush lui décernera même en 2005 la médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine pour un civil.
En 2014 la diva offre à son public l’album Aretha Franklin Sings The Great Diva Classics précédant une ultime œuvre en 2017 A Brand New Me : Aretha Franklin With The Royal Philharmonic Orchestra qui célèbre le 50ème anniversaire de sa signature chez Atlantic Records.

Le public aura eu la joie de la voir sur scène en 2015 lors de la 38ème édition du gala annuel du Kennedy Center Honors, où au piano elle livra une prestation extraordinaire de son titre sorti en 1967 You Make Me Feel Like, devant un Barack Obama ému aux larmes ; puis une toute dernière fois en 2017, lors d’un concert à New York en faveur de la fondation Elton John.

Avec 33 albums, plus de 75 millions de disques vendus et 18 Grammys Awards en poche, Aretha Franklin est l’artiste afro-américaine dont la réussite est un modèle pour de nombreuses femmes. Mais aussi une voix activiste. Car à toute puissance, elle incarnera d’une ferveur indéniable tout au long de sa carrière la lutte pour l’égalité raciale et l’égalité entre les sexes. Le 9 avril 1968, elle chante aux obsèques de Martin Luther King et en juin de la même année devient l’une des premières femmes posant en couverture du Times.

Un parcours entre succès et déboires

Si l’on souviendra toujours de ses exploits et du Respect qu’elle inspirait, nous ne pourrons passer à côté de ses divers coups durs. Car Aretha Franklin comme de nombreuses stars a malheureusement goûté aux vices du système. Tabac, alcool, déboires sentimentaux, violences conjugales, la star a coché presque toutes les cases, pour finalement succomber au cancer qui a tant ravagé sa famille. Déjà, elle avait perdu deux sœurs et un frère par cette maladie vicieuse.

Chacun tient de Dieu un don particulier [1 Corinthien 7 v.7 – Bible], Aretha Franklin aura porté de sa jeunesse à son départ l’amour du Gospel, l’amour de l’Eglise. Elle aura inspiré de nombreux talents après elle et son héritage sillonne toujours les ondes musicales.
Tout en adressant nos condoléances et nos pensées les plus chères à ses proches, nous prions que ce talent pur venu d’en haut puisse retourner en paix auprès de son créateur.

La Rédaction