Antilles : Un an après les ravages d’Irma

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Société

Quelque part outre-atlantique, sous le décor d’un paysage paradisiaque, dans les îles caribéennes marquées par un passé tragique, c’est l’histoire d’une petite fille dévastée par les désastres de l’ouragan Irma.
Les vacances étaient finies, l’heure de la rentrée scolaire approchait. Le stress envahissait la petite fille qui allait bientôt reprendre les cours. Tout un tas de questions s’enchainaient dans sa tête ; comment se déroulerait l’année ? Allait-elle retrouver ses précédents camarades ou encore quels professeurs aurait-elle cette nouvelle année ? Prête pour le jour J, elle s’autorisait une dernière escapade en mer avec son père avant le retour stressant des cours.
Si les heures filaient à une grande vitesse, l’excitation et l’appréhension gagnaient peu à peu la fillette. Sur le chemin du retour, après cette longue et belle journée, la transition fut radicale ; le temps s’était légèrement rafraichi par des vents et des goutes de pluie qui tombaient progressivement sur le sol. De peur d’attraper froid, à quelques pas de la maison, le père pressait la petite fille derrière lui qui s’émerveillait de cette rosée. Arrivés à la maison, toute la famille se retrouvait partageant ensemble les récits de leur journée autour d’un repas.

Mais la météo se dégradait et à l’annonce d’un ouragan les habitants de l’île craignaient le pire. Entre vents, pluies, houles cycloniques et marée haute, la panique s’intensifiait et l’alerte rouge fut déclenchée. Après Harvey qui avait dévasté les Etats-Unis, Irma prenait la relève menaçant les îles caribéennes. Pour la petite famille comme pour beaucoup de personnes vivant dans ces archipels, l’état d’urgence prévoyait une évacuation immédiate, la population se préparait à la venue du cyclone. Ces îles qui rayonnaient durant l’été par leurs plages bondées de touristes surfant et nageant, se plongeaient dans une ambiance froide presque lugubre. Dans l’urgence, la petite fille et sa famille comme d’autres contraints d’abandonner leurs maisons pour leur sécurité, avaient le choix entre regagner les terres ou rejoindre des camps d’abri. Pendant que quelques pluies arrosaient l’Île-de-France, du coté des caraïbes régnait l’effroi.

Ce n’était malheureusement que le début de cette triste histoire, car même après un an les habitants souffrent encore des ravages d’Irma. Laissant derrière elle des dégâts matériels considérables, ainsi qu’un nombre conséquent de pertes humaines. « Le phénomène de catégorie maximale 5, d’une intensité sans précédent sur l’Atlantique, a aussi endommagé 95 % du bâti sur Saint-Martin et Saint-Barthélemy, soit 20.000 constructions ». Pour les assureurs, la facture est salée, informait le quotidien 20 Minutes. « 95 % des dommages ont été indemnisés en tout ou partie et 1.260 millions d’euros ont été versés à ce jour par les assureurs, soit 67 % du coût total estimé » sur 1.260 milliards d’euros. Irma se classe comme « la catastrophe naturelle la plus coûteuse d’Outre-mer ».

 

« L’indemnisation des dommages aux habitations est complexe. Certains copropriétaires ont abandonné leurs biens, compliquant ainsi la tâche des syndics dans la coordination des travaux de reconstruction. Hors sinistres de copropriétés, le niveau d’indemnisation de l’ensemble des dommages engendrés par Irma est de 73 % du coût total estimé », expliquait la Fédération Française de l’Assurance.
Pour la reconstruction des hôtels, le taux d’indemnisation s’élève à 91%, ce qui contribuerait au redémarrage touristique. De même les dommages automobiles sont indemnisés à hauteur de 83 % du coût total estimé, toujours selon 20 Minutes.

A Saint-Martin, des habitants, des familles vivent actuellement dans des situations précaires. L’état de certaines maisons s’avère déplorable ; certaines n’ont plus de toits et d’autres plus de murs. Beaucoup ont perdu leur domicile, du moins ce qu’il en reste n’est plus habitable, bien que certains aient pu trouver refuge dans des tentes igloo données par la Croix-Rouge. Pour Anet, une habitante du quartier d’Orléans, « lors du passage de l'ouragan, le plus violent jamais connu dans le Pacifique, la mer est montée et a emporté tout ce que l'ancienne fleuriste possédait. » Pendant plusieurs mois, avec ses trois enfants elle fut logée chez des amis. Ce n’est qu’en février dernier qu’ils purent regagner leur maison.
« Désormais, la chambre de ses fils a une vue sur le lagon bien dégagée : le mur est entièrement tombé. Il y a plein de moustiques ». Ils n’ont ni eau ni électricité. Une situation invivable pour la mère de famille. « Aujourd'hui j'ai vraiment besoin d'aide, je n'ai plus aucun revenu, il me faut un logement et quand j’en aurai un, je pourrai trouver des petits boulots », s’exprimait Anet. « Si je suis forte, c'est que je me dis que ça ne durera pas », espère-t-elle.

Chez Yvonne, le plafond de la cuisine a été endommagé, une poche d'eau s'est formée sous le bois, imbibant à son tour le béton et menaçant le tout d’effondrement. C’est dans le sous-sol de sa maison qu’elle vit désormais avec toute sa famille. La Croix-Rouge alertée par la sécurité civile leur apporta du soutien.
Si aujourd’hui cette pièce principale fut repeinte, c’est pour permettre à la famille d’oublier les conditions dans lesquelles elle vit. Un acte généreux qui soulage Yvonne, avouant ne pas avoir « assez d'argent pour réparer » ce qui a été détérioré. La situation de Josette est plus ou moins semblable, c’est au rez-de-chaussée d’une maison que la sexagénaire vit. Après la perte de son domicile, elle occupe actuellement une pièce qui lui fut prêtée. Ne disposant pas d’eau courante ni d’électricité, un voisin lui donna accès à ses prises pour le branchement de son réfrigérateur. Des situations bien contraignantes pour tous ces habitants qui espèrent une situation meilleure, un rétablissement proche.

Si la reconstruction a été freinée par le retard des assureurs, « un délai notamment lié aux difficultés pour les experts à se rendre dans l’île après Irma, et aux nombreuses contre-expertises déposées par les particuliers », pour l’île de Saint-Martin, les quartiers les plus pauvres de l’île « ont été les premiers à se reconstruire, parce que les habitants ont l'habitude de l’auto-construction ». Pour cela, en faveur de la population en difficulté (personnes âgées, handicapées, foyers avec enfants de moins de 3 ans, Ndlr), une opération nommée « 500 toitures » fut initiée. Près de 440 foyers furent désignés éligibles à ce dispositif, dont le premier chantier a été réalisé fin juillet chez Elise, une habitante de Saint-Martin.
Il reste cependant un problème majeur, l’île doit aussi faire face à une gestion problématique des déblais et épaves de voitures, bien que des actions aient été menées pour un grand nettoyage, les décombres laissés par l’ouragan demeurent visibles et l’abandon de certaines propriétés pourrait constituer « un risque en cas de nouvel ouragan », ont signalé les autorités. Selon ses promesses, le président Emmanuel Macron prévoit à la fin du mois de septembre de se rendre à Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

C’est une période très dure pour toutes ces personnes, comme pour cette petite fille, qui, du jour au lendemain, perdait sa maison après le passage d’un ouragan. La douleur de ces pertes est doublement pénible, sans imaginer combien elle peut être pesante. Remettre en ordre la ville et continuer à mener sa vie après de telles circonstances, voilà une situation qui mérite l’attention de tous.
Souvent lorsque certains évènements ne nous touchent pas personnellement, nous comprenons difficilement leur impact. Et sans le vouloir nous manquons d’empathie. Le fait est qu’à tout instant, tout peut arriver même lorsque nous pensons que cela n’arrive qu’aux autres. Il est vrai qu’il n’y a rien de ce que nous pourrons faire qui empêcherait la venue de ces phénomènes naturels, mais notre soutien moral ou encore financier serait d’un grand encouragement pour tous ces habitants et pour d’autres dans le monde entier qui souffrent en silence.

Et s’il est important à celui qui donne d’avoir un peu d’empathie, comme l’avançait le philosophe évangélique Yannick Nila, apportons alors notre contribution, notre soutien à ces familles qui peinent à se reconstruire. Prions le père céleste de leur accorder paix et force dans cette longue reconstruction.
Quand bien même nous devons notre réussite à tous ceux qui furent notre appui, nous comprenons que dans cette vie que nous menons nous avons besoin du soutien de l’autre, pas seulement dans les moments difficiles mais à tout moment. Et si telle est notre préoccupation, sachons que « celui qui a pitié du pauvre prête à l'Eternel, Qui lui rendra selon son oeuvre. » [Proverbes 19 v. 17 -Bible].

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Perla Kouam WAFFO

Artistes Press

Assistante de rédaction chez 🗞📰 Artistes Press - Entrepreneuse

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