Dans son autobiographie, la rappeuse française Lady Laistee déclare être « Dans la lumière » après une longue vie de combat

Les admirateurs de musique urbaine reconnaîtront surement ce titre émouvant « Et si » ; une des chansons phares de la rappeuse Lady Laistee, dédiée à son frère décédé dans des conditions dramatiques.
C’est à l’occasion de la sortie de son livre autobiographique intitulé « Dans la Lumière », que l’auteur de ce titre tristement célèbre, revient au-devant de la scène, parler de son histoire familiale tragique, ses combats, jusqu’à sa délivrance et sa renaissance grâce à sa rencontre avec Dieu, dans l’émission Salut Les Terriens de Thierry Ardisson.

Aline FARRAN, de son vrai nom, précurseur du rap féminin en France, adulée dans les années 2 000 grâce à la sortie de trois albums populaires, mena une belle carrière sous les projecteurs, laissant croire à une vie vécue dans la lumière, pourtant ce ne fut nullement le cas.
Lady Laistee née le 20 avril 1972 en Guadeloupe, est l’ainée de deux petits frères et une petite sœur. Elle arrive dans la ville métropolitaine plus précisément à Levallois Perret à l’âge de quatre ans avec ses frères, rejoignant leurs parents déjà installés dans la ville lumière. D’une mère distante et d’un père jardinier de profession, fan de musique mais libertin, agressif et alcoolique, Lady Laistee aussi surnommé La Migale, témoigne grandir sans tendresse maternelle et assiste régulièrement aux violences conjugales entre son père et sa mère. En effet celui-ci battait régulièrement son épouse. Elle se souvient d’un père leur apportant très peu d’attention, considérant ses progénitures comme « des bagages », soit des fardeaux. Celui-ci sera d’ailleurs la cause de ses échecs et de ses souffrances.

Une vie d’adolescence vécue dans le tourment

La famille quitte Levallois pour Villiers-Le-Bel, une banlieue reconnue encore à ce jour parmi les plus pauvres de France. C’est alors que la violence de son père s’accroît davantage. Rentrant chez lui « bourré », battant sa femme, la jeune fille et ses frères subiront également à leur tour des violences physiques traumatisantes. En face de Thierry Ardisson, l’artiste témoigne d’une scène particulièrement effrayante ; celle de son père la prenant par la gorge pour la projeter contre le mur. « Le plus difficile c’est qu’on ne peut rien faire, parce qu’on est des enfants et que… On se cache juste, on essaye de se…de même se fondre dans le papier peint pour qu’il ne vienne pas nous…nous frapper, et il nous a frappés pour rien en plus ».

Après les coups viendront l’irréparable, les agressions sexuelles répétées de son paternel. Avec beaucoup de maitrise et de retenue, La Migale raconte sur le plateau télé le déroulement de son premier viol dans la voiture de son père, au fond d’un parking, dans le centre commercial de Sarcelles. « C’est comme-ci j’avais eu un instinct qui me disait qu’il y a quelque chose de bizarre, (…) quand il a tourné son regard vers moi, j’ai su ce qu’il allait faire et j’ai essayé d’ouvrir la porte et là évidemment il l’a bloqué, on s’est battu, je me suis enfuie, il m’a trainé, on s’est battu vraiment longtemps dans la voiture et puis un moment donné j’ai baissé les bras, pour moi c’était pas mon père…et il a fait son acte et à partir de ce moment-là, j’étais morte, mon père était mort».

Durant plusieurs mois, Aline sera livrée aux pulsions sexuelles destructrices de son père. Vivant dans la culpabilité et la honte, elle gardera ce secret et en voudra à sa mère de ne pas avoir remarqué sa souffrance, elle-même en proie aux coups réguliers et à l’alcoolisme de son époux. Ce n’est un an plus tard que la future rappeuse ose se libérer auprès d’une conseillère d’orientation, s’ensuit une condamnation de dix ans de prison à l’encontre de son géniteur.

Le début de sa vie d’artiste

Se qualifiant comme étant une adolescente rebelle et garçon manqué, c’est dans la banlieue de Villiers le Bel que la belle découvre le monde du Hip Hop. Grandissant dans l’époque du breakdance, des graffitis, et des célèbres groupes de rap tels que les réputés Public Enemy, Suprême NTM ou Assassin, réputés à l’époque pour leur musique dite « hardcore ». Cette période marque également le succès naissant du groupe IAM et du célèbre MC Solaar pour ne citer qu’eux. La jeune artiste découvre donc l’univers du rap HipHop et aura pour modèle Queen Latifah, pionnière du rap féminin qui cartonne en outre-atlantique à cette époque.
Commence à l’âge de la maturité une vie d’autonomie. En effet la jeune femme s’émancipe, effectue des petits boulots, quitte la maison familiale, et grâce au soutien de son compagnon s’occupant du groupe RAGGASONIC, elle monte son groupe de musique composé de femmes. Sa rencontre avec Cut Killer, célèbre DJ et producteur de musique, changea radicalement sa vie. La jeune femme guadeloupéenne devient alors la première femme excellant dans l’univers macho qu’est le Rap, en France.

Le résultat d’une éducation chaotique la poursuit

Mais le sort vient à la frapper de nouveau. Son petit frère Rudy décède le 13 juin 1996, assassiné par balles. «  Il glissait parce qu’il n’avait pas de père à la maison, son père qu’est-ce qu’il faisait, il se bourrait la gueule, il frappait sur tout le monde, il est parti en prison, il est revenu, il n’a pas changé, et mon frère pour sortir mon autre petit frère de là, il a pris le mauvais chemin, à savoir, trouver l’argent facile pour trouver un appartement et s’en aller avec mon petit frère».

Malheureusement la vie continue, certes sans un membre de sa famille. Et c’est trois ans plus tard que sort son premier album intitulé « Black Mama » contenant le titre écrit en hommage à son frère «  Et si je t’avais dit combien j’t’aimais mon frère ». Phrase que toute une génération fredonnait par cœur.
« Hip Hop Thérapy », titre de son second album qui voit le jour en 2003. Profitant de l’élan que prend ce nouveau projet faisant asseoir son règne musical, un nouvel évènement tragique s’abat sur sa vie, un AVC la foudroie le 10 février 2003. Le combat d’un rétablissement s’opère pour retrouver toutes ses facultés physiques, qu’elle finit par remporter avec succès, faisant naître le besoin d’enfanter une nouvelle œuvre musicale. « Second souffle », nait alors. Symbole d‘une renaissance après avoir frôlé la mort. Une bénédiction est souvent suivie d’une deuxième, elle se marie avec TERROR SEB plus communément appelé Sébastien FARRAN, manager de plusieurs grands artistes musicaux tels que le groupe NTM, et père de leurs deux enfants.

L’heure de la délivrance et de la restauration, la rencontre avec Dieu

Involontairement elle reproduit une certaine violence au sein de son foyer, non pas physique mais présente un certain mimétisme dans ses actions. Tel son père, elle crée de l’instabilité dans son foyer, le couple Farran se sépare, l’entrainant dans une dépression.
Heureusement, une rencontre surprenante relève sa tête et lui procure de l’espoir. Sa rencontre avec Dieu change toute sa vie, la sortant des ténèbres pour la guider « Dans la lumière ».
Invitée par sa sœur à un évènement chrétien dans la ville de Cergy, c’est avec un fardeau lourd qu’Aline s’approche de Dieu. « A un moment donné, j’ai vécu une expérience surnaturelle. A un moment donné, c’est comme-ci j’avais un feu qui était là, dans mon ventre et je sentais que ce feu voulait sortir et je ne sais pas…Il sortait et tout… Et quand je l’ai laissé sortir, c’étaient des larmes, des larmes de délivrance, c’est comme-ci… Je sentais comme-ci on m’enlevait les fardeaux sur mes épaules, je pleurais, je ne pleurais pas de tristesse (…) Je sentais que tout ce mal, tout ce qui m’emprisonnait était parti ».

Elle découvre la miséricorde, le pardon lors de sa rencontre soudaine dans une gare avec son père étant sans domicile fixe. L’aidant durant six mois à retrouver une vie sociale, en vain. C’est donc par la prière qu’elle le soutient. «J’ai pu aller le voir, j’ai pu aller le rencontrer dans la gare où il squat avec ces amis SDF, et pendant six mois je l’ai aidé, je l’ai aidé, je voulais qu’il sorte de la rue mais en fait lui ne veut pas en sortir, il ne veut pas sortir de là mais… Je le confie à Dieu maintenant je prie beaucoup pour lui. »

Une vie remplie d’embuscades et d’épreuves que la talentueuse artiste a su surmonter malgré elle en cherchant à se construire et s’épanouir dans son art.
Par sa bonté infinie, Dieu rattrapa sa fille dans sa chute, la délivra, la consola et la restaura afin d’être porteur d’un message d’espoir pour toutes les femmes ayant subi des violences morales ou physiques, les empêchant de bâtir une vie épanouie et de jouir de ce qu’elles ont en leur possession.
« Dans la Lumière » sera sans doute une bénédiction pour les hommes et femmes en quête de soutien, de réponse.
Le bonheur et la joie accompagnent toute personne s’abandonnant totalement à Jésus-Christ, en effet lui seul est capable de ressusciter une vie détruite ou emprisonnée dans la dépression et la maladie comme le confirme le livre de Matthieu 8:17 : « Il a pris nos infirmités et il s’est chargé de nos maladies ».
« Phoenix » est le nom de son prochain album prévu pour fin d’année 2015, un nom très symbolique certainement lié à ce feu dévorant qui consuma ses entrailles évacuant avec lui tout le mal accumulé.
Un nouvel avenir lumineux et béni se dessine à l’horizon de la première rappeuse française imposant son règne, jadis, grâce à ses précédents disques et maintenant grâce à son témoignage puissant et poignant. D’une pierre deux coups, reprendra-t-elle son trône artistique, certainement, avec la faveur du Très Haut, mais dans une toute autre orientation.

Le Journal

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