Une paroisse sortit du silence et appela à voter Macron au second Tour

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Une exhortation écrite par Yannick NILA

Sans vouloir remettre en question la loi de 1904, qui décréta la séparation de l'Eglise et de l'Etat, il est néanmoins louable de saluer le courage de certaines organisations confessionnelles. Qui s’'expriment sur la politique et prennent position pour l'avenir de cette nation, afin de défendre les valeurs de l'évangile, qui prônent entre autres, les fonctions dont l'Eglise, malgré ces temps ardus, s’efforce de maintenir. L'amour fraternel, le partage, l'accueil, le soutien et le vivre ensemble, entre autres.

«Les justes lui répondront: Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, et t'avons-nous donné à manger; ou avoir soif, et t'avons-nous donné à boire? Quand t'avons-nous vu étranger, et t'avons-nous recueilli; ou nu, et t'avons-nous vêtu? Quand t'avons-nous vu malade, ou en prison, et sommes-nous allés vers toi? Et le roi leur répondra: Je vous le dis en vérité, toutes les fois que vous avez fait ces choses à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous les avez faites.» [Matthieu 25 v.37-40]

Naturellement, ces qualités philanthropiques sont très clairement dans notre siècle présent, apparentées à du laxisme. Faute d’Hommes non habités par un esprit d'amour, pour amener leurs œuvres à la perfection. Si ceux-ci ne daignent accepter le règne de Dieu, comment pourrait-il se manifester pleinement. Car ces qualités charitables viennent de Dieu. Et sont cependant accordées à tous ceux qui en aspirent. En fuyant le mal. La réalité est malheureusement tout autre. L’Eglise se retrouve alors à contre-courant, défendant des valeurs dénigrées et encombrantes. Pourtant nécessaires pour le bien-être de l’Homme. «Aimer son prochain comme soi-même», un devoir nécessitant un travail sur soi conséquent, que le monde en quête incessante de facilité et de libéralisme, ne veut s'attarder à effectuer. Un devoir que le parti d'Extrême Droite semblerait bafouer, pour la souveraineté nationale. Sans remettre en cause le combat du FN. Toutefois qu’adviendrait-il de la France sur du long terme, si son seul leitmotiv est de retrouver la souveraineté nationale, au détriment de la place de l'humain? Si ce dernier n'est considéré que par ses origines et ses confessions. Bien entendu, il ne s'agit guère d'apprécier les terroristes et djihadistes également, ou de favoriser leur insertion. A droite comme à gauche, leurs ambitions restent fermes concernant l'éradication du terrorisme. Cependant, à quoi notre pays ressemblerait, si l'amour est simplement partagé quand l'identité du prochain nous convient? Quelle valeur défendra-t-il, autre que son histoire?

«La religion pure et sans tache, devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver des souillures du monde.» [Jacques 1v.27]

Nous sommes témoins qu’en matière de politique, l'Eglise est souvent en retrait, partageant ses intentions de vote en interne. Cependant voici qu'une paroisse vint briser les tabous. Il s'agit du Centre Pastoral Saint-Merry, situé près du Centre Pompidou. Celui-ci lança un appel au peuple Français, depuis son site Internet, pour voter en faveur d’Emmanuel Macron.

Face au danger d’un vote Front National, la communauté catholique de Saint-Merry appelle à voter Emmanuel Macron. Notre prise de position ne cherche pas à contraindre quiconque. Elle veut simplement exprimer notre confiance dans la possibilité de vivre ensemble dans notre société sans exclusion. Ni le repli identitaire, ni le rejet des immigrés, ni l’isolement de notre pays hors de l’Union européenne ne constituent des fondements pour une France apaisée.
Nous rappelons les valeurs qui sous-tendent nos engagements vis-à-vis des chômeurs, des mal-logés, des migrants et réfugiés. Nous préférons accueillir plutôt que rejeter. Au lieu de nous replier à l’intérieur de nos frontières, nous nous ouvrons aux réalités du monde, à la défense des droits humains, à la promotion d’une écologie intégrale… Ces pratiques s’enracinent dans notre foi et se référent aux principes de la doctrine sociale de l’Eglise : bien commun, dignité de la personne humaine, destination universelle des biens, justice, subsidiarité, solidarité et option préférentielle pour les plus pauvres.

Cette décision non prise à la légère fut ordonnée suite au vote interne de la communauté. Incluant les membres y compris le prêtre, Daniel Duigou. Une «responsabilité partagée entre le prêtre et des laïcs», affirme Anne, une membre active de l'Eglise, soulignant au passage cette démarche à caractère exceptionnel, au vu des circonstances. Néanmoins, la paroisse reconnue pour ouvrir ses portes à la communauté homosexuelle, aux mal-logés et aux migrants, réitéra sa volonté d'agir sans contraindre quiconque.

Une information source de polémiques, qui fut très vite relayée par nos médias. Tant cela reste inattendu, et vint soulever bon nombre de questions, concernant la place de l'église dans notre société. Les avis, partagés, fusèrent.
En effet, cette prise de position a fort bien réjoui le cœur d'un jeune de 22 ans. Fidèle à cette paroisse dynamique et ouverte, «cela fait du bien qu’une paroisse s’exprime sur les élections. Il était temps qu’un représentant de l’Église catholique dise quelque chose !». Moins emballé, un autre paroissien d'une cinquantaine d'années, dont les dires citèrent une prise de position «trop personnelle» de la part d'un prêtre. Le prêtre, lui, a affirmé s'exprimer en tant que citoyen avant tout.

La place et le conseil de l'Eglise ont été déterminants dans cette ligne droite électorale. Actrice et avocate des droits et valeurs sociales, des valeurs de l'amour incarné en Jésus-Christ. Mais, entre nous, n’aurait-il pas été encore mieux de voir se lever l'Eglise protestante et évangélique pour conduire les citoyens vers un éclaircissement, en ce qui concerne les candidats et leurs programmes, répondant ou non aux intérêts du corps du Christ, son émancipation sur le territoire, et au respect de ses valeurs dans notre société?

Wissa Kololo

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