Taizé : partez à l’aventure évangélique

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Une exhortation écrite par Yannick NILA

Nul ne peut contester à ce jour combien il est fort doux et agréable pour des frères et sœurs en Christ de demeurer unis ensemble.

C’est dans cet esprit de communion fraternelle que très tôt, le frère Roger Schutz, suisse d’origine, bâtit, en 1940, un inégalable eldorado chrétien… à Taizé. Petit village paisible de la Bourgogne, Taizé conquit le cœur du Frère, tout comme celui de nombreux croyants ayant arpenté ses ruelles et bâtisses historiques. Par son remarquable labeur et ses sacrifices, le sacrificateur parvint à en faire la zone œcuménique par excellence. A Taizé se croisent chaque année, des milliers de jeunes croyants venus de tous horizons, qui de langues et cultures différentes partagent néanmoins, ensemble, leur foi en Jésus-Christ. Outre ses paysages reposant, la communauté de Taizé est avant tout un lieu de rencontre, de prière et de partage biblique.

Retour sur son histoire

« Dans ma jeunesse, j'étais étonné de voir des chrétiens qui, tout en se référant à un Dieu d'amour, perdaient tant d'énergie à justifier des oppositions. Et je me disais : pour communiquer avec le Christ, y a-t-il réalité plus transparente qu'une vie donnée, où jour après jour la réconciliation s'accomplit dans le concret ? Alors j'ai pensé qu'il était essentiel de créer une communauté avec des hommes décidés à donner toute leur vie et qui cherchent à se réconcilier toujours », s’exprimait ainsi le frère Roger.

Chose faite, en 1940, alors qu’il n’est âgé que de 25 ans. En pleine Seconde Guerre mondiale, le frère Roger, issue d’une famille protestante et jouissant d’une éducation théologique protestante, embarqua sur sa bicyclette, direction la France, encore sous l’occupation allemande. A la recherche d’une maison où prier, accueillir et fonder une vie de communauté, il marqua l’arrêt à Taizé, alors située en zone libre où chaleureusement accueilli par les habitants, il choisit de s’installer. Là, le futur pasteur protestant, fait acte de résistance en hébergeant avec sa sœur, Geneviève, des réfugiés Juifs traqués, fuyant la zone occupée. Ayant failli se faire démasqué, de retour en Suisse en 1942, il attendra la Libération, en automne 1944 pour regagner son fief de coeur.

De là, trois frères protestants rejoignent l’homme d’Eglise, et mènent, à eux quatre, une vie partagée entre prière et travail agricole et artisanal. Sans oublier leur œuvre humanitaire auprès de la population, rappelons-le, ravagée par la guerre. Au fil des ans, la communauté s’agrandit et de plus en plus de frères rejoignent le mouvement, se consacrent à vie au Christ, renonçant par-là, à toute propriété personnelle et faisant vœu de chasteté.
Aujourd’hui, la communauté recense une centaine de frères d’une trentaine de nations et de différentes confessions. Alors que 80 d’entre eux vivent à Taizé, certains ont élu domicile dans de petites fraternités en Afrique, Asie et Amérique du Sud. Tous, vivent à la sueur de leur front et se dévouent, dans l’œuvre d’amour et de foi, au service des démunis.

Rapprochements avec catholiques, interrogation chez Protestants

Le mode de vie de ces engagés, tout de même disons-le, s’apparentant au type monastique, en a fait pâlir plus d’un protestant. Oui, le frère Roger, de plus en proche des fidèles catholiques - dont certains rejoignirent la communauté - tout comme de leurs rites, se mit à dos, la branche protestante, alors fondatrice de la communauté de Taizé.

Ralliant la papauté, dès 1970, le frère Roger se met alors à appliquer le « monachisme », avant d’approuver secrètement la conversion au catholicisme de l’un de ses frères fondateurs, Max Thurian. Dès lors, plusieurs rituels s’installent; le silence, la méditation avec une abondance de bougies, des chants liturgiques, sans oublier le rituel eucharistique, purement catholique. Les protestants se demandent : est-ce réellement de l’oecuménisme ou une dissolution silencieuse du protestantisme au profit du catholicisme ? Les ambitions du frère Roger sont alors remises en question par la Fédération Protestante de France. Mais il a la solution. Multiplier les échanges et visites. En 2002 et 2007, deux éminents représentants protestants visitent la communauté, et s’en iront, ne tarissant pas d’éloges sur l’accueil, et plus important encore la qualité pédagogique et la transmission du message évangélique.
De quoi raviver la flamme d’amour entre le frère Roger et sa communauté de coeur.

Une communauté de foi au service des jeunes

Le service repart de plus bel ! Et surtout du côté des jeunes. Il faut dire qu’à Taizé, les portes leurs sont grandes ouvertes. Des jeunes qui depuis des décennies, s’y relayent, pour des rencontres internationales. Bercées de prières, de partages bibliques, de méditation et de vie en communauté. La fraternité et la foi y règnent. Le seul but : se rapprocher davantage de Dieu.

Description d’une journée typique à Taizé ? Trois fois par jour, a lieu la prière commune, harmonisée de cantiques et de la lecture de textes bibliques puis d’un temps de méditation personnelle. On ne s’ennuie pas à Taizé, où chaque après-midi, sont mis en place des carrefours pour aider à approfondir la relation entre la foi et la vie dans tous ses domaines. Pousser chaque jeune un peu plus vers Dieu et vers l’Eglise, voilà l’œuvre de Taizé. Et ça marche.

«  Depuis ma jeunesse, je pense que jamais ne m’a quitté l’intuition qu’une vie de communauté pouvait être un signe que Dieu est amour, et amour seulement. Peu à peu montait en moi la conviction qu’il était essentiel de créer une communauté avec des hommes décidés à donner toute leur vie, et qui cherchent à se comprendre et à se réconcilier toujours : une communauté où la bonté du cœur et la simplicité seraient au centre de tout. »

L’après Roger Schutz

Le 16 août 2005, tout bascule. En pleine prière commune, lors des Journées mondiales de la jeunesse 2005, le frère Roger, alors âgé de 90 ans est mortellement poignardé par une dénommée Luminita Solcan, 36 ans, qui avait réussi à s’introduire parmi le choeur des Frères. Celle-ci sera reconnue mentalement instable et internée.

Mais le frère Roger avait bien évidemment pensé à tout. Son successeur ? Déjà désigné : le frère Alois. Et en digne successeur, celui-ci a reprit le flambeau en main, poursuit comme il se doit, l’oeuvre du fondateur. Les rencontres mondiales de jeunesse se poursuivent, rapprochant de plus en plus de jeunes vers Jésus-Christ. Chaque année, à chaque vacance de printemps, l’Eglise protestante unie en Région parisienne propose à des jeunes croyants de séjourner une semaine à Taizé. Une aventure évangélique qui plaît et attire. L’aventure Taizé.

La Rédaction

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