Entretien Hommage à Marie Misamu
Thomas LOKOFE pleure une amie chère et sincère

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Nous vous le disions, samedi 23 janvier notre équipe rencontrait les artistes venus rendre hommage à la servante Marie Misamu, à l’église MMERAC à Romainville. Dans un premier entretien, René Lokua s’exprimait sur l’épreuve douloureuse du décès de sa partenaire en Christ. Place à l’artiste chrétien Thomas Lokofe, par ailleurs l’un des organisateurs de cette soirée, de nous parler, avec émotion et en toute modestie de son amie si chère.
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AP: Frère LOKOFE, pouvez-vous nous expliquer la raison de cet évènement ?

Thomas LOKOFE : Nous venons de perdre une artiste, une soeur qui était très chère pour nous. Personnellement c’était vraiment une amie pour moi. La dernière fois que nous nous sommes vus, c’était à Libreville, au mois de février 2015; nous étions invités pour chanter, nous avons passé presque dix jours ensemble, on rigolait, on parlait, elle venait du pays, nous d’ici. On a passé de bons moments ensemble. Perdre une personne comme ça, c’est vraiment dur. C’est la raison pour laquelle nous sommes là, c’est notre façon de pleurer car un artiste pleure en chantant.

AP: Que pouvez-vous nous apprendre sur la soeur Marie ?

Thomas LOKOFE : Pour moi, soeur Marie est une amie, en fait. Souvent lorsque je vais à Kinshasa, c’est l’une des trois premières personnes que je contacte. Chaque fois elle m’invite dans un de ses restaurants préférés, on parle de tout et de rien, elle était vraiment une proche. Vous savez, dans la famille, il y a certains qui gardent des relations très amicales, frères et soeurs et d’autres qui ont des relations plus fortes. Je suis parmi ces gens-là. Soeur Marie est vraiment une amie, une pote comme on dit.

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AP: En tant qu’ami proche de Marie Misamu, parlez-nous brièvement de sa carrière, sa personnalité; comment était-elle ?

Thomas LOKOFE : Elle était sincère, elle était elle. Vous savez dans l’église actuellement, on a des gens qui ont deux visages, présentant une fausse image dans l’église, et font voir leur vraie figure devant d’autres personnes. Marie était elle, partout. Elle présentait le même visage. Elle savait chanter, écrire, arranger. D’ailleurs, elle donnait des partitions de guitare avec sa bouche, aux guitaristes. Elle était une artiste. C’est rare de voir des chanteuses qui écrivent elle-mêmes leurs titres chez nous, la plupart sont souvent des interprètes. A part la musique, elle était comédienne, elle était chorégraphe genre Kamel Ouali. Elle était vraiment une artiste dans son esprit. Elle ne jouait pas la sainte. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains la comparaient à une païenne. C’était une personne très vivante qui aimait danser, rigoler, elle était cool. On a vraiment perdu une personne importante.

AP: Etait-elle mariée ?

Thomas LOKOFE : Oui elle était mariée à un monsieur avec qui elle eut son unique enfant.

AP: Elle a donc un enfant ?

Thomas LOKOFE : Oui, une fille, Ruth, qui vit et étudie dans une université à Londres.

AP: Marie Misamu a-t-elle eut un impact sur votre carrière personnelle ?

Thomas LOKOFE : Personnellement… C’est une bonne question… Je dirais oui, parce que j’ai la grâce d’écrire des chansons. Lorsque quelqu’un écrit bien, cela me fait beaucoup de bien, j’aime les gens qui écrivent bien. Chacun a son écriture, sa façon d’écrire. Marie avait sa façon d’écrire, elle était sincère même lorsqu’elle écrivait. Vous savez, il y a une de ses chansons où elle disait : « Les choses dont je parle avec Dieu, personne ne peut les écouter, si quelqu’un écoute ce que je dis avec le Seigneur, ce serait un scandale pour lui, ce serait une pierre d’achoppement, avec Dieu nous parlons de choses très intimes (traduction française)». Elle était bizarre, elle avait sa façon d’écrire. Je dis souvent que l’artiste exprime le fond de son coeur. Etant une personne qui écrit, qui a la grâce d’écrire des chansons, si j’écoute une chanson je peux te dire que la personne qui l’a écrite est comme-ci, comme-ça, car lorsque quelqu’un écrit, il exprime l’état de son âme. Une chanson est l’état de l’âme d’un artiste. Les chansons de soeur Marie Misamu m’ont donc inspiré. Elle avait une façon de parler avec le Seigneur que d’autres n’avaient pas. Par exemple, lorsque l’on commence à confesser nos péchés à l’église, tout le monde baisse la voix, mais elle, sa confession était à haute voix, elle était bizarre, très sincère avec Dieu.

AP: En somme, que retiendrez-vous de sa carrière artistique ?

Thomas LOKOFE : Sa créativité. Elle avait sa façon de réaliser ses clips. En fait, elle emmenait les idées, elle était très souvent la réalisatrice de ses clips. Comme elle était aussi une couturière, elle avait sa ligne de mode, sa façon de s’habiller. Toutes ses danseuses avaient son style et on promut son look, tout le monde voulait s’habiller en Marie Misamu. Elle avait sa façon unique à elle. C’est ce que je retiens de la soeur Marie. Cela m’a aussi beaucoup inspiré, car si je prévois de faire un clip, j’ai déjà ma petite idée dans ma tête.

AP: Elle était un modèle ?

Thomas LOKOFE : Elle était vraiment un modèle. Il y a des soeurs qui a portaient la Jupe Marie Misamu, vous voyez ce modèle (le frère nous montre une soeur portant une longue jupe en pagne, froncée à la taille, plissée et volumineuse, Ndlr). A Kinshasa, on appelle cette jupe Marie Misamu parce qu’elle aimait beaucoup s’habiller de la sorte. Elle n’a jamais porté de tenue vulgaire.

AP: Pensez-vous que la nation congolaise a perdu aujourd’hui un leader ?

Thomas LOKOFE : Je vous dis sincèrement à Kinshasa, dans toutes les chaînes de télévision, nous avons plus de cinquante chaînes et toutes les chaînes ont mis la photo de Marie Misamu. Chaînes chrétiennes et non chrétiennes. Actuellement, bien que le gouvernement n’ait annoncé un deuil national, toutes les chaînes de télévision diffusent les chansons de Marie Misamu. C’est une icône. En plus elle était une des rares artistes chrétiennes à s’afficher avec des artistes dits du monde. On la voyait avec des artistes tels que Werrason, JB Mpiana, Fally Ipupa. Généralement les chrétiens sont retissants à l’idée d’être vu avec ces chanteurs, se disant que les gens vont mal l’interpréter. Mais Marie s’en moquait. Vu qu’elle avait aussi un salon de coiffure, tout le bon monde venait à cet endroit pour se coiffer. Le salon est devenu célèbre parce qu’il y avait des artistes populaires qui venaient. Je vous dis la vérité lorsque je dis qu’elle était vraiment une personne sincère. A Kinshasa, à part les musiciens chrétiens, tout le monde chantent pour Marie Misamu. Ce ne sont pas uniquement les chrétiens qui ont perdu un être cher. De l’autre côté, ils disent que la soeur était sincère, elle nous aimait… Elle fait partie des seuls musiciens, chrétiens, qui approchaient les musiciens de la musique profane. C’est une grande perte.

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La Rédaction

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