Thomas A. Dorsey, « Le père de la musique gospel »

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Une exhortation écrite par Yannick NILA

Un peu comme Abraham, père de la foi, lui serait plutôt le père de la musique « gospel ». Thomas Andrew Dorsey, est né le 1er juillet 1899 à Villa Rica en Géorgie et s’éteignit le 23 janvier 1993 à Chicago. C’est en faisant quelques recherches sur cette puissante musique et riche du message évangélique que nous sommes tombés sur ce monument du monde chrétien. Son travail, son dévouement, son talent et son ministère ont été d’une importance capitale dans l’évangélisation. Et une inspiration pour des milliers de personnes. Ainsi le champ est grand mais les travailleurs sont peu nombreux et comme le mot gospel l’indique, il nous faut en tant qu’enfants de Dieu aller faire de toutes les nations les disciples du Christ. Afin que celui qui a cru puisse recevoir le pouvoir de devenir enfant de Dieu. Amen ! C’est à cet appel, cette recommandation du Seigneur Jésus que Thomas A. Dorsey a voulu répondre et répandre la parole de Dieu à travers le chant dont nous voyons bien les fruits aujourd’hui.

Il est, à ses débuts, connu sous le nom de Georgia Tom, un excellent pianiste de blues, Thomas est en 1932 jusqu’à la fin des années 1970, le Directeur musical de la Pilgrim Baptist Church de Chicago.
Beaucoup de ses œuvres ont été interprétées par plusieurs illustres artistes de la musique gospel. On retiendra de grands titres de ses compositions comme « Take My Hand, Precious Lord », un chant très connu, avec une lueur remplie d’espoir complètement incrusté en la personne du Seigneur Jésus-Christ et qui sera interprété par Mahalia Jackson. Qui est également la chanson préférée du pasteur et docteur Martin Luther King. Parmi les plus connus encore de ses cantiques notons « Peace in the Valley », interprété ensuite par Elvis Presley et Johnny Cash et bien d’autres d’artistes.

Aux origines du Gospel

Le gospel, n’est pas premièrement un style de musique comme beaucoup le pensent, mais ce mot, à la substance spirituelle, signifie en premier lieu « Evangile ». Sa puissance réside dans les paroles chantées, tout comme au travers des préceptes et l’amour du Christ vivant dans son auteur, interprétant ce message comme un parfum de bonne odeur qui se répand. C’est ainsi la vie d’un disciple qui vit la grâce et l’intimité de Dieu dont le chant déverse cette part d’authenticité et touche véritablement le peuple de Dieu. Ce qu’on nomme alors les « Gospel songs » sont en réalité des « chants évangéliques ». Mais en évoluant, l’expression « Gospel » désignera plus tard le répertoire particulier de chansons et musiques « religieuses » composées et interprétées dans les églises noires aux Etats-Unis.

Et ces black gospel se propagent de part et d’autres et dans différentes congrégations à travers la planète. Pourtant rappelons que le Gospel évoque en premier lieu la musique évangélique des afro-américains. Nous parlons ainsi de la musique évangélique et non d’un style de musique. Car notons bien la différence ; tous les styles musicaux peuvent être qualifiés de Gospel du moment où l’on y trouve des messages évangéliques et bien plus encore, lorsque leurs interprètes sont eux-mêmes, sanctifiés par le sang du Christ, et vivent pleinement la Parole de Dieu en le mettant au centre de leur culte d’adoration en tout et pour tout. [Psaume 119 :1-16]
« Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent, l'adorent en esprit et en vérité. » [Jean : 4 : 23]

Sachons également, qu’en Amérique du Nord, existe un « Gospel blanc », puisant ses sources musicalement dans le style country.
La différence commence à se faire sentir vers l’an 1930 où l’on distingue par ces mots des hymnes nouvelles.
Jusqu’ici, les assemblés, les congrégations, les quartettes vocaux et les chorales ne faisaient que des interprétations des spirituals, des œuvres anonymes, héritages qui descendent à travers la tradition orale transmise depuis l’époque de l’esclavage jusqu’à l’émancipation ; ou même des psaumes et des cantiques classiques découlant du protestantisme comme les hymnes du Dr. Isaac Watts (1674 - 1748), et aussi Charles Wesley (1707 - 1788), Amazing Grace de John Newton (1725-1807) ; et également des chants, des compositions, des cantiques très récents, considérés comme hymnes, à l’instar de ceux du pasteur méthodiste noir Charles Albert Tindley (1851-1933).
A l’aube des années 1930, agitées par la dépression qui va frapper le peuple afro-américain, le chant « chorale » vient prendre place dans les églises noires, plus précisément les baptistes.

Un besoin, une demande, une envie d’un répertoire nouveau et pertinent dont la puissance se fait entendre et que les cœurs puissent chanter en chœur pour revisiter le bonheur et la grâce promis à ce peuple désemparé, dénué d’espoir, tout en réconfortant l’esprit et le corps, blessés par le sort. Ceci s’incarnera mieux en la personne de Thomas Andrew Dorsey. Il devient ce souffle nouveau, l’aggiornamento de la musique religieuse afro-américaine. Il a l’audace du génie en fusionnant l’art de la musique professionnelle à la Bonne Nouvelle évangélique, et cette tendance naturelle qu’il a eu de pouvoir organiser et structurer la diffusion commerciale de ces chants nouveaux, tout en faisant participer plusieurs grandes voix de l’époque fit de lui la voûte même de cette musique.

Une révolution musicale

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Hymnes traditionnels et mélodies qui sont en vogue. Qui s’inscrivent dans un courant en mutation, des rituels protestants, des chants blancs. Et c’est en 1870, que nous verrons la présence de plus d’instruments, comme instruments à vent, orgues, harmonium, mouvement du corps, cris et claquements des mains. L’aurore du XXème siècle sera marquée par un véritable bouleversement qui soulèvera l’esprit artistique des peuples noirs.

Le gospel est Indubitablement une révolution musicalement parlant, un cri, une alarme, face à une Amérique profondément raciste. Fraichement émancipée, mais toujours sous la tutelle blanche, la population noire extériorise sa souffrance sous l’expression du gospel. Une population migrée dans les villes du Nord (Détroit, New York, Chicago), demeurant loin des engagements politiques malgré leur fidélité au parti républicain de Lincoln qui s’investit pour la libération des noirs.
Le gospel ne fait pas seulement prestige de beaucoup d’instruments mais va plus loin en mettant Jésus-Christ au centre et ses apôtres, c’est-à-dire référencer les Evangiles (Nouveau Testament) en soi, en opposition aux negro spirituals qui ne mentionnaient que différentes figures de l’Ancien Testament (Joshua Fit the Battle of Jerico, Go Down Moses, etc.).
La musique gospel tire ses racines sur le terrain nord-américain, sous la fresque anglophone gravée par une lutte dévastatrice contre l’esclavage, et elle se diversifie ainsi dans d’autres rythmes culturels et linguistiques. On voit donc naître, vers les années 1960-70, ce que l’on appelle, le gospel francophone, éveillé par le protestantisme des Caraïbes, du Québec, de l’Afrique de l’Ouest et d’Europe de l’Ouest.

Thomas A. Dorsey : son contact à la musique

Son père fut pasteur baptiste et sa mère jouait de l’harmonium. Très jeune, il apprend et se familiarise avec cet instrument à l’oreille, il est ainsi bercé par des mélodies des pianistes qui remplissaient la ville de son enfance, lui permettant de jouer le soir à chaque repas ou alors dans des réunions. Il fait ensuite des reprises sous le nom de Barrelhouse Tom et Texas Tommy. Selon ses prestations, il est plus connu sous le surnom de Georgia Tom.
Il déménagera à Gary, Indiana, à 19 ans, où il formera pour jouer lors de fêtes, un groupe dont le style est inévitablement enraciné dans le blues, aux aires influencées du Music-Hall. Naît le groupe Wild Cats Jazz Band, composé du guitariste Tampa Red, au trombone Al Wyn, Ed Pollack à la trompette et la chanteuse Ma Rainey, avec qui, il va enregistrer en 1924 pour le label discographique Paramount Records. <
En 1928, avec Tampa Red il formera un groupe et enregistrera le tube « Night Like That », qui sera vendu à plus de sept millions d’exemplaires. A nos jours nous comptons plus de 400 chansons de blues et de jazz interprétées ou composées par Dorsey.

Il abandonnera finalement le Blues à partir des années 1932 lors de sa conversion à l’église baptiste itinérante pour une consécration totale au Gospel. Suite à un drame tragique concernant son épouse il se retire de ce qu’on appelle la musique profane pour se lancer à l’écriture et l’enregistrement exclusif de ce qu’il va nommer la musique « Gospel », un nom qu’il sera déjà le premier à utiliser. Le cœur brisé, en effet, Nettie, sa première femme, venait de s’éteindre pendant l’accouchement de leur premier fils ; il écrira en son hommage : « Take My Hand, Precious Lord », une des chansons de Gospel les plus connues.

Il crée, suite à son opposition à des éditeurs musicaux, La Dorsey House of Music, qui est à l’époque la première société de musique gospel noire. Premier président et fondateur de la National Convention of Gospel Choirs and Choruses, il montera plus tard sa propre chorale gospel.
Sa renommée et sa notoriété dépassent les limites de la musique afro-américaine, les reprises de ses œuvres illustrent mieux son influence et son empreinte musicale, interprétées par une palette importante de musiciens blancs. Take My Hand, Precious Lord, que nous vous citions plus haut, fut repris par des artistes comme Elvis Presley, Roy Rogers, Mahalia Jackson, Aretha Franklin, Tennessee Ernie Ford et Clara Ward. Ce même titre, mythique, entonné la nuit précédant l’assassinat de Martin Luther King, est le préféré du président américain Lyndon B. Johnson, qui fut joué également lors de ses obsèques.

C’est dans les années 1937 qu’il écrit la chanson qui deviendra un standard de la musique gospel « Peace in the Valley » pour Mahalia Jackson. Au Nashville Songwriters Hall of Fame tout comme au Gospel Music Association’s Living Hall of Fame, il est le premier noir américain à être élu.
Thomas A. Dorsey s’éteindra à Chicago, Illinois et son corps repose aujourd’hui au cimetière d’Oak Woods.

L’évangile répandu

Qu'ils sont beaux sur les montagnes, Les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles, Qui publie la paix ! De celui qui apporte de bonnes nouvelles, Qui publie le salut ! De celui qui dit à Sion : ton Dieu règne !
La voix de tes sentinelles retentit ; Elles élèvent la voix, Elles poussent ensemble des cris d'allégresse : Car de leurs propres yeux elles voient Que l'Éternel ramène Sion.
[Esaïe 52 : 7-8]

Dans cette même idée de répandre l’Evangile, plusieurs se sont levés dans l’Eglise de Jésus-Christ, tenant le Gospel pour bâtir un travail et apporter la Bonne Nouvelle, dans les quatre coins de la terre. Pour n’en citer que quelques-uns, retenons Ira Sankey (1840 – 1908), Reverend Gary Davis (1896-1972), Mahalia Jackson (1911-1972), Rosetta Tharpe (1915-1973), Ray Charles (1930-2004), Sam Cooke (1931-1964), Golden Gate Quartet (fondé en 1934), John Littleton (1930-1998), Blind Boys of Alabama (formé en 1939), Solomon Burke (1940-2010), Aretha Franklin (1942-), Liz McComb (1952-), Marcel Boungou (1951-), Charles Mombaya (1956-2007), Jennifer Holliday (1960-), Yolanda Adams (1961-), Kirk Franklin (1970-), Deitrick Haddon (1973-) et autres Bonny B. (1974-).

Nous emboitons le pas dans ce qui est un champ immensément grand où nous sommes tous appelés à travailler dans l’harmonie et l’unité tout en gardant les objectifs sains de Celui qui nous a appelés. Attestés par son Esprit-Saint nous portons le sceau et l’emblème de sa Parole pour la propager partout dans le monde à travers tous les outils disponibles notamment le gospel, pour que le monde connaisse le nom de notre Seigneur Jésus-Christ et qu’il sache qu’il n’y a de salut en aucun autre nom qui soit donné parmi les Hommes et afin que tous ceux qui respirent célèbrent le nom de l’Eternel.

La Rédaction

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