Théo, 22 ans et violé par la police

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Une exhortation écrite par Yannick NILA

Son nom est sur toutes les bouches, alimentent les moindres conversations. C’est l’affaire du début de cette année, qui défraie la chronique, agite le camp de la police et, réclame justice pour les victimes. Théo !
Nul ne présageait que ce jeune homme de 22 ans, habitant Aulnay-Sous-Bois, se hisserait au rang de star. Malheureusement pas dans des conditions rêvées.

C’est une routine affolante et bien présente pour une majorité de jeunes de banlieue; la violence policière. L’affaire Théo vient pour ainsi dire dénoncer auprès du monde, du gouvernement, et même de l’international, les bavures policières, jusqu’à présent tues.
Aux Etats-Unis, ce n’est plus un secret, tant les forces de l’ordre ont excellé dans les violences et les meurtres. Mais en France, c’était encore tabou, et silencieusement supporté par les victimes. Aujourd’hui, c’est de l’histoire ancienne. Enfin, espérons-le…
Tout a basculé la soirée du 2 février 2017. La victime, Théo, sortait à peine de chez lui pour saluer ses amis. Là, de manière inopinée, les policiers en patrouille dans le coin procèdent à un contrôle d’identité. Et plutôt musclé. Choqué par la violence de ces interpellations, Théo tente bien que mal de se positionner dans le champ des caméras de surveillance.

Je savais que là où on était il n’y avait pas de caméras, j’ai réussi à me débattre, je suis parti devant les caméras. J’ai pas cherché à fuir, j’ai dit aux policiers, 'vous avez déchiré mon sac', ils me répondent 'on s’en fout'. Ils sont trois à me saisir, je leur demande, pourquoi vous faites ça, ils ne me répondent pas, ils me disent que des injures.

Tout cela sans aucune raison valable. Vient alors le drame. L’un des quatre policiers, après lui avoir baissé son pantalon lui enfonce, tenez-vous bien, sa matraque dans les fesses, plus précisément dans l’anus. La douleur est atroce.

Il me regarde, j’étais de dos, mais j’étais en trois quart, donc je voyais ce qu’il faisait derrière moi. Il prend sa matraque et il me l’a enfoncée dans les fesses, volontairement. Dès qu’il m’a fait ça je suis tombé sur le ventre, j’avais plus de force. Là il me dit 'les mains dans le dos', j’ai dû mettre mes mains dans le dos, ils m’ont mis les menottes et là ils m’ont dit ‘assieds-toi maintenant’, je leur ai dit ‘j’arrive pas à m’asseoir, je sens plus mes fesses’, et ils m’ont mis des gaz lacrymogènes dans la tête, dans la bouche, un coup de matraque en pleine tête, et moi j’avais tellement mal aux fesses que cette douleur-là semblait éphémère (…) c’était vraiment trop dur pour moi. (...) Mon pantalon était baissé, j’avais vraiment mal.

Il va de soi qu’un tel acte, qualifié de viol, est extrêmement dangereux. Causant une déchirure de l’anus de plusieurs centimètres, Théo a dû être opéré d’urgence après son interpellation.
L’intervention d’un riverain poussa les policiers à placer Théo dans leur véhicule pour le conduire au commissariat. Le cauchemar était loin d’être terminé, puisque dans la voiture, l’ambiance était aux insultes à tout-va. “J’avais du mal à marcher, je n’étais même pas moi-même. Je croyais que j’allais mourir, je marchais mais parce qu’ils me tenaient bien". Dans la voiture, le jeune homme dit avoir subi d’autres coups, des moqueries et des insultes, dont ‘espèce de salope’ et ‘bamboula’.”, poursuit-il depuis son lit d’hôpital.

Au commissariat, c’était la moquerie générale, jusqu’à ce qu’un policier décide d’appeler le Samu, voyant le jeune homme dans l’incapacité de s’asseoir ni de tenir debout.
“Le Samu me retourne, il regarde la plaie et me dit ‘là c’est très grave, il y a au moins 5 ou 6 centimètres d’ouverture, faut l’opérer le plus rapidement possible. (…) Ils ont dit que j’avais perdu beaucoup de sang. (...) Le coup de bâton dans les fesses qu’ils m’ont mis, ça m’a marqué à vie, c’est une chose que je ne souhaite à personne, physiquement je suis très diminué, j’arrive pas à bouger, là comme vous me voyez ça fait trois heures que je suis comme ça. (…) Je dors pas la nuit.”
Aujourd’hui, près de 2 semaines après son agression, Théo est encore dans un état critique. Outre physique, le choc est également psychologique et émotionnel. “Il a une poche. Les médecins nous parlent d’incontinence”, témoignait sa soeur sur le plateau de BFMTV.

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La Banlieue réclame justice

A Aulnay-Sous-Bois, c’est la colère. Tout comme les communes voisines. De nombreux heurts, casses, incendies ont éveillé l’Ile de France, plongée dans l’incompréhension totale. Tout le monde réclame justice. Jeunes comme parents sont inquiets. “C’est la faute de la police, il faut dire la vérité! A chaque arrestation, il y a toujours un policier qui lève la main sur la victime!”, adressait une jeune, Aïcha, face au Chef de l’Etat, en déplacement à Aubervilliers, après être passé au chevet de Théo et affirmant qu’il faut que la justice passe.
Alors que les policiers en question ont simplement été mis en examen dont l’auteur pour viol, l’on refuse que ce tragique fait divers passe aux oubliettes comme de nombreux autres. La police a osé même évoquer il y a quelques jours la thèse accidentelle ! Mais quelle absurdité! Rappelons tout de même qu’un policier impliqué dans un viol est tout aussi coupable qu’un civil. Pour circonstance aggravante, celui-ci est passible d’emprisonnement. Mais à l’heure actuelle, ces 4 policiers ont pu tout bonnement retrouver leurs familles en tranquillité chez eux.

Qu’à cela ne tienne, Théo peut compter sur des soutiens de taille. Plusieurs artistes Français se sont soulevés, se rappelant encore de l’affaire d’Adama Traoré, décédé lors de son interpellation. Omar Sy, Zebda, Patrick Bruel, Josiane Balasko, Jean Benguigui ou encore Anne Roumanoff.
Car Oui messieurs les juges, les policiers, aussi, peuvent mentir, blesser et être des dangers publics. Cette affaire vient même mettre en lumière une précédente condamnation, légère, à l’encontre du commissaire d’Aulnay-Sous-Bois pour violences. Et pour des faits tout aussi graves que Théo. Soulignons que Monsieur fait partie, encore, des quatre bourreaux de Théo. L’autorité permettrait-elle à la police de faire ce que bon lui semble? En quoi est-elle alors différente des personnes qu’elle pourchasse?

Il semblerait également, qu’un autre policier ait été jugé le mois dernier pour des faits similaires et a juste écopé de 6 mois avec sursis et un an d’interdiction d’exercer ! C’est tout bonnement intolérable. En effet, notre système judiciaire semble favoriser les bourreaux aux insignes au détriment des victimes aux séquelles parfois irréversibles! Ce qui, presque naturellement engendre une riposte dans la violence. Un cercle vicieux.
Mais à nous, enfants de Dieu, la Bible nous exhorte : “Ouvre ta bouche pour le muet, Pour la cause de tous les délaissés. Ouvre ta bouche, juge avec justice, Et défends le malheureux et l’indigent” [Proverbe 31 v.8-9]
L’heure est à la justice véritable pour ces victimes accablées dans le silence. Bien-sûr nous prions pour Théo, pour son rétablissement, et pour que lumière soit faite sur ces agissements crapuleux.

La Rédaction

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