L’Apôtre Ayidini Abala Alexandre, “Le père du réveil évangélique en R.D. Congo”

8th-post-featured

Une exhortation écrite par Yannick NILA

Dans l’histoire et dans chaque mouvement révolutionnaire, dans des courants de pensée philosophique ou dans une métanoïa profonde, culturelle ou sociale, il y a ce que l’on appelle les pères, les patriarches, les géniteurs ou les initiateurs. Leurs histoires sont contées pour édifier et construire la génération suivante. Ils sont précurseurs de tout ce qui va faire la base de nos motivations à venir, dans nos combats, nos convictions et la détermination dans nos engagements. Il sera primordial pour nous de bien saisir leurs histoires, leurs états d’esprit et leur vision pour mieux défendre et faire toujours attention à savoir si on est toujours entrain de marcher dans la voie et sur la trace qu’ils nous ont léguées.

Comme les apôtres qui sont tous pères dans différentes églises citées dans les Ecritures, c’est ainsi qu’en Afrique nous avons également connu et reconnu beaucoup de ces pères qui ont eu à oeuvrer pour l’instauration de la parole de Dieu et de l’église du Christ. Un seul pays d’Afrique nous intéresse ici particulièrement, concernant son évolution évangélique; il s’agit de la R.D. Congo. Un pays où la spiritualité détient une place de choix dans la vie de l’homme et la femme congolais et en cela la foi chrétienne est venue toucher et poétiser ceci en gravant dans le geste quotidien, la soif de la vie du Christ. Au-delà du mal qu’ont fait ceux qui ont apporté la foi chrétienne aux peuples d’Afrique, même si nous savons bien que l’Homme Africain connaissait déjà le Dieu véritable; Le réveil évangélique s’installe petit à petit tout de même dans plusieurs pays. Car ils ont porté la parole de Dieu mais avec le but de l’utiliser pour nuire, manipuler, et coloniser ces peuples mais cela n’a en rien changé les paroles éternelles portées dans la puissance de la prédication; et les enfants d’Afrique ont compris que le problème ne venait guère du message mais bien du messager.

La R.D. Congo voit naître en son sein le réveil sur le poids des vestiges catholiques coloniaux du royaume de la Belgique. Et celui à qui l’on attribue le rôle du père du réveil évangélique est Ayidini Abala Alexandre.
Son ministère, marqué par une forte et puissante onction de l’esprit de Dieu qui va retourner toutes les forces et formes de pensée de son époque, il devient ainsi un fervent porteur du message du Christ, en veillant à ce que la parole du maître soit répandue partout dans le pays pour une nouvelle naissance dans le sein du Saint-Esprit au nom du Seigneur Jésus-Christ.

Son histoire

Ayidini Abala est né le 15 juillet 1927 à Ngibi, collectivité des Kaliko-Omi, territoire d'Aru, province de l'Ituri en République Démocratique du Congo. Son père, Abala, marié à trois femmes et sa mère, Odjia, première de cette liste, étaient fort malheureusement païens.
Abala, le père, engendra de ses deux dernières femmes, sept enfants. Il arriva un jour que les deux dernières femmes d’Abala, travaillaient dans le champ avec leurs enfants, et comme dans un étrange cauchemar il y eut un feu de brousse qui vint et les brula tous. Les deux femmes d’Abala et ses sept enfants périrent sous les flammes; un incident qui terrorisa tous les gens du village et Abala également. Le patriarche ne resta qu’avec sa première femme Odjia, qui elle, malheureusement était stérile.

Mais quelques temps après ce tragique événement, maman Odjia tomba enceinte et donna naissance à un fils. Un miracle qui attire le regard de tous les villageois, qui, comme devant un signe de Dieu, viennent voir l’enfant nouveau-né. Regarder ce nourrisson qui semble être le prodige de Dieu, la consolation de cet homme qui a perdu sept enfants et deux femmes en même temps, un peu comme Job dans les écritures qui avait tout perdu et à la fin le Seigneur le bénit et lui donne encore plus que ce qu’il possédait avant. Ils s’avancèrent près du garçon et lui appliquèrent de l’huile, de la tête aux pieds et d’un commun accord ils prièrent tous et dirent: “Dieu Créateur, nous te demandons de garder cet enfant que tu viens de donner à notre frère Abala, après la mort de ses autres enfants. Nous prions pour qu'il grandisse et reste en vie.” Ils donnèrent à l’enfant le nom d’Ayidini, juste après le moment de la prière. Son nom signifiait: Dieu merci.

Contact avec la Parole

A l’âge de 15 ans, Ayidini débute ses études à l’école primaire protestante d’Adja. Différent des autres enfants qui semblent très hostiles, Ayidini est beaucoup plus motivé, intéressé pour son apprentissage à l’école avec un objectif principal qui est précisément de connaître le français et l’anglais. L’organisation de l’école est établie par le travail de la Communauté Evangélique au Centre de l’Afrique (C.E.C.A-20), l’une des branches d’église fondée par Africa Island Mission (A.I.M.). [Le nombre 20 indique le numéro de cette église au sein de l’Eglise du Christ au Congo ou E.C.C. Cette dernière est une union de toutes les églises protestantes en République Démocratique du Congo.] Une éducation déjà ancrée dans les principes de Dieu, stipulés par l’Eglise.

Dans l’optique de semer déjà dès l’enfance la parole de Dieu, l’école proposait des petits extraits de la Bible en forme de traités destinés aux élèves. Afin qu’ils se familiarisent avec les Ecritures et à l’intimité de Dieu comme cette parole de Proverbes 22: 6 qui dit “Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit suivre; Et quand il sera vieux, il ne s'en détournera pas.”
Ayidini va recevoir un traité, dans la langue lingala, intitulé “Nzela na kondima”, ce qui se traduit par “la voie de la foi.” Ne manquant pas de lire le traité, son attention se porta sur le passage de Marc 16: 15-18 qui dit: “… Et voici les signes qui accompagneront ceux qui auront cru: en mon nom ils chasseront des démons, ils parleront en langues nouvelles, ils saisiront des serpents, et s'ils boivent quelque poison mortel, il ne leur fera pas de mal; ils imposeront les mains aux infirmes et ceux-ci seront guéris.” Etonné et bouleversé par cette idée, Ayidini posera la question aux autorités scolaires, qui sont en même temps des autorités ecclésiastiques, à savoir: “Pourquoi les promesses de ces versets ne se réalisaient-elles pas maintenant ?”. La réponse; “ces choses s’étaient passées seulement à l’époque de l’église primitive.” Une réponse plutôt insatisfaisante ! Il continue tout de même sans relâche à poser des questions qui semblaient déranger les instituteurs, qui après tant d’insistance et de ténacité, ont finit par le renvoyer de l’école.

Changement de cap

Poser trop de questions n’est alors pas très bien vu, surtout pour un enfant noir qui risque de remettre en question tout ce qui a été établi depuis longtemps. Ayidini, renvoyé de l’école rentre dans son village natal des Kaliko-Omi, et finit par renoncer à la logique des gens de l’église car ce qui était écrit dans la Bible ne correspondait pas du tout à la vie de ceux qui apparemment avaient cru en Dieu. Il déchira sa Bible, au quotidien et devint un véritable opposant de la parole du Christ à l’image de Saul de Tarse. Non seulement, il devint un agresseur de l’église mais aussi un pur bandit pour le commun de mortel, un danger public. La Bible, un livre pour des menteurs, c’est ainsi qu’il va utiliser tous les moyens nécessaires pour combattre les chrétiens évangéliques surtout par la violence. Il compose un groupe de voyous qui, avec lui à la tête, n’hésite pas à jeter des pierres sur les évangélistes prêcheurs.

Très tôt à 18 ans, il va s’enfuir à Tshuapa suite à sa réputation de délinquant, où il devint cuisinier de M. Van Dolmer, un belge à Kilomoto, une société minière d’or située dans la région du nord-est de la République Démocratique du Congo. Et au milieu de la deuxième guerre mondiale, son employeur va s’envoler du Congo direction la Belgique; Ayidini perdra alors son travail. Juste après guerre, il va voyager pour l’Ouganda dans l’idée de pouvoir trouver un travail, une passion, une vocation, une raison de changer, de se transformer et redevenir peut-être sans le savoir cet enfant qui voulait voir les paroles de l’évangile vivre en lui et dans la nation, avoir enfin une raison d’exister, de croire, d’espérer et de persévérer.
Quand il arrive à Kampala, le hasard, non plutôt la providence, fait qu’il rencontre une fois de plus son employeur M. Van Dolmer, qui le reprit pour un poste de chauffeur. Car M. Dolmer, travaillait maintenant à l’ambassade de la Belgique à Kampala.

Un jour, la rencontre avec Jésus-Christ

Ayidini, était toujours ennemi des prêcheurs de l’évangile, même à Kampala. Il arriva un jour où il tourna la tête sur une affiche stipulant que T.L. Osborn organisait une campagne d’évangélisation à Mombassa au Kenya. La description citait Marc 16 : 15-18 et insistait sur le fait que la campagne réserverait des miracles et des guérisons. Voilà enfin une occasion rêvée pour Ayidini de s’organiser afin de déranger, perturber, saboter, la campagne d’évangélisation. Il part de Kampala accompagné de ses douze acolytes, le 03 février 1957.

Sur la route, l’escadron de destruction avait embarqué une personne infirme, dans le but de discréditer T.L. Osborn, prouvant qu’il ne pouvait le guérir. Ils quittèrent Kampala et promptement, arrivèrent près du lieu de la campagne d’évangélisation. La parole était déjà prêchée, quand soudainement, comme par une forme d’égarement d’esprit, Ayidini se retrouve devant Osborn par terre sans comprendre comment il s’est retrouvé là ! Ce jour-là, il rencontra le Seigneur Jésus-Christ personnellement. Le 10 février 1957. Un jour qui marqua sa vie. Converti, il prit son baptême le 22 février 1957 par Osborn dans l’océan indien. “Quant il sortit de l’eau après son baptême on l’a pris tout de suite pour baptiser d’autres personnes tellement il y avait du monde à baptiser ce jour-là, cela démontrait aussi le choix déjà tracé par le Seigneur pour le début de son ministère”, précise le Rév. François Tshibambe.

Il adresse une lettre de démission à son employeur Van Dolmer, dès son arrivée à Kampala, une démission qui va l’amener en prison où il y séjournera pendant huit jours. Chose qui va davantage le motiver à servir son autre employeur lui ayant fait don de la vie, du salut et surtout de l’héritage céleste, la vie éternelle. Ce nouvel employeur c’est Jésus-Christ.

Le Ministère

Ayidini prêche l’évangile du Christ, pas seulement en République Démocratique du Congo son pays mais aussi en Afrique, en Europe, en Asie et aux Etats-Unis. Il est le fondateur de l’église “Nzambe Malamu” (Dieu est bon). Ce nom provient juste un cri qu’il avait habitude de prononcer pour parler de Dieu mais en réalité l’église se nommait FEPAZA (Fédération Pentecôtiste en Afrique, section Zaïre)
“Nzambe Malamu”, vit naître plusieurs hommes de Dieu connus et reconnus dans le monde aujourd’hui; des hommes qui ont reçu la parole d’Ayidini Abala, alias Mzée (ancien) et ont entendu la voix de Dieu en lui. Une quasi-totalité des serviteurs de Dieu de la R.D. Congo.
Un ministère marqué et scellé par une grande manifestation de la puissance de l’Esprit de Dieu qui opère des miracles et des prodiges, des signes qui ne laissent personne indifférent.
Un homme habité d’une puissance de la parole de Christ qui se distingue par le caractère farouche de son message et d’un radical changement de vision, qu’apporte le Saint -Esprit.

Son oeuvre de nos jours, par la grâce de Dieu, est visible au travers de l’efficacité de la puissance de Dieu, lui qui est l’architecte et la source d’inspiration. Elle donne à beaucoup d’autres l’espérance et surtout la persévérance dans la foi en Christ. Même si aujourd’hui beaucoup voudraient voir des écrits, des livres, des manifestes, des ordonnances, des vidéos et d’autres supports qui graveraient son message un peu plus dans l’esprit collectif, un héritage tant spirituel que physique pour les plus simples d’entre nous. Mais il faut dire que les premières églises évangéliques au Congo n’ont pas travaillé avec l’idée de laisser les écrits comme à l’image de la tradition qui privilégie davantage les témoignages et histoires oraux. Loin de les blâmer, il s’agirait sûrement d’un manque d’organisation et d’écrits, vraisemblablement lié aux combats dont ont été victimes ces premières églises, relevant par ailleurs des martyrs de leur histoire tels que Maman Mafuta, Kimpa-Vita, Simon Kimbangu et autres. Des tueries et autres atrocités à l’égard de l’église qui l’ont fragilisé plus qu’autre chose! Mais l’église a su comment marquer et laisser son empreinte même dans les annales des institutions. Précisons, par ailleurs, que l’hymne national du Pays, a été écrite par deux hommes de Dieu; le Révérend Père Simon-Pierre Boka, et composée par Joseph Lutumba.

“Qui disait: Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie, et à Laodicée.” [Apocalypse 1: 11]

C’est ainsi que l’église fournit beaucoup d’efforts aujourd’hui pour laisser de solides bases pour les générations à venir et surtout donner plus de possibilités non seulement aux chrétiens mais au monde entier pour qu’enfin le monde reconnaisse que Jésus-Christ est Seigneur à travers sa Parole et son oeuvre qui a mise dans les mains de ses serviteurs pour la gloire de Dieu le Père et pour cette dispensation qu’il met en vue d’une grande édification des peuples et des nations. Qu’à son seul nom soit la gloire.

“Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée; et on n'allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu'ils voient vos bonnes oeuvres, et qu'ils glorifient votre Père qui est dans les cieux.” [Matthieu 5: 14 -16]

Le 4 avril 1966, Ayidini Abala Alexandre se marie de façon religieuse avec maman Amvuko à Kampala et ensemble ils eurent neuf enfants ; une réelle bénédiction pour son père qui n’avait que lui. Et une plus grande bénédiction pour cette grande famille qu’il a eue dans l’assemblée de saints.
Après une longue maladie, Mzée Ayidini Abala Alexandre mourut en Afrique du sud dans les années 1997.

Ayidini Abala fut un serviteur, un messager, un apôtre, un patriarche, un instrument qu’il a plu au Seigneur d’utiliser puissamment pour la construction du corps du Christ. Nous avons des témoignages les plus pertinents le concernant et nous savons que les oeuvres des hommes périssent mais l’oeuvre de l’Eternel tire son émanation de l’éternité de Dieu; par conséquent son intemporalité est indubitable dans son impensable et ineffaçable dessein. Il vit et il fait vivre la vie dans cette vie tout comme dans l’autre car il est Dieu! Amen.

La Rédaction

Photographies

Voici les dernières actu des artistes

Laissez un commentaire